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Pyramide synesthésique de « Mugler Cologne » , Thierry Mugler

Dernière mise à jour : 14 juin 2018



 

Trois notes, trois œuvres :

Pyramide synesthésique de Mugler Cologne, Thierry Mugler

Cologne subtile et contrastée : une fleur d’oranger fraiche comme le petit grain et sensuelle comme les muscs. Charnelle fraicheur, l’histoire raconte qu’un accord secret nommé S ferait sa signature addictive.

Parfumeur : Alberto Morillas.


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Classiquement, l’évolution d’un parfum se divise en trois temps :


Les notes de tête, qui s’expriment instantanément et sont évanescentes.

Les notes de coeur, qui se ressentent plusieurs heures.

Les notes de fond, qui persistent le plus longtemps.


En associant chaque temps d’un même parfum à une œuvre littéraire, cinématographique, picturale, ou musicale, le Journal d’un anosmique se propose d’appréhender la synesthésie de manière concrète.


 



 

Note de tête / Head Note >>> « Ghost », Hashley



 

Note de cœur / Heart Note >>> Reproduction #7 d’Isabelle Cornaro



 

Note de fond / Base Note >>> "Symphonie en blanc majeur", Théophile Gautier


De leur col blanc courbant les lignes, On voit dans les contes du Nord, Sur le vieux Rhin, des femmes-cygnes Nager en chantant près du bord,


Ou, suspendant à quelque branche Le plumage qui les revêt, Faire luire leur peau plus blanche Que la neige de leur duvet.


De ces femmes il en est une, Qui chez nous descend quelquefois, Blanche comme le clair de lune Sur les glaciers dans les cieux froids ;


Conviant la vue enivrée De sa boréale fraîcheur A des régals de chair nacrée, A des débauches de blancheur !


Son sein, neige moulée en globe, Contre les camélias blancs Et le blanc satin de sa robe Soutient des combats insolents.


Dans ces grandes batailles blanches, Satins et fleurs ont le dessous, Et, sans demander leurs revanches, Jaunissent comme des jaloux.


Sur les blancheurs de son épaule, Paros au grain éblouissant, Comme dans une nuit du pôle, Un givre invisible descend.


De quel mica de neige vierge, De quelle moelle de roseau, De quelle hostie et de quel cierge A-t-on fait le blanc de sa peau ?


A-t-on pris la goutte lactée Tachant l’azur du ciel d’hiver, Le lis à la pulpe argentée, La blanche écume de la mer ;


Le marbre blanc, chair froide et pâle, Où vivent les divinités ; L’argent mat, la laiteuse opale Qu’irisent de vagues clartés ;


L’ivoire, où ses mains ont des ailes, Et, comme des papillons blancs, Sur la pointe des notes frêles Suspendent leurs baisers tremblants ;


L’hermine vierge de souillure, Qui pour abriter leurs frissons, Ouate de sa blanche fourrure Les épaules et les blasons ;


Le vif-argent aux fleurs fantasques Dont les vitraux sont ramagés ; Les blanches dentelles des vasques, Pleurs de l’ondine en l’air figés ;


L’aubépine de mai qui plie Sous les blancs frimas de ses fleurs ; L’albâtre où la mélancolie Aime à retrouver ses pâleurs ;


Le duvet blanc de la colombe, Neigeant sur les toits du manoir, Et la stalactite qui tombe, Larme blanche de l’antre noir ?


Des Groenlands et des Norvèges Vient-elle avec Séraphita ? Est-ce la Madone des neiges, Un sphinx blanc que l’hiver sculpta,


Sphinx enterré par l’avalanche, Gardien des glaciers étoilés, Et qui, sous sa poitrine blanche, Cache de blancs secrets gelés ?


Sous la glace où calme il repose, Oh ! qui pourra fondre ce coeur ! Oh ! qui pourra mettre un ton rose Dans cette implacable blancheur !

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