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Pyramide synesthésique de « B. » , Balanciaga



 

Trois notes, trois œuvres :

Pyramide synesthésique de B., Blanciaga

Enveloppant, dense, cotonneux, lacté, B. de Balenciaga est le parfum de peau moderne.

Un figue givrée dans un bain de muscs aux facettes affirmées de graines d’ambrette ; comme une brouillard où l’on ne distingue qu’une note, sans aspérité et avec constance. Aucune limite, une simplicité qui déstructure la pyramide olfactive habituelle ; la version olfactive du travail d'Ann-Veronica Janssens.

Une esthétique épurée bien que construite autour d’un accord exotique : invitation au voyage, recherche de l’Idéal qu’aurait pu signer Baudelaire.

Musqué, irisé, sensuel, comme un air de Touch de Shura.


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Classiquement, l’évolution d’un parfum se divise en trois temps :


Les notes de tête, qui s’expriment instantanément et sont évanescentes.

Les notes de coeur, qui se ressentent plusieurs heures.

Les notes de fond, qui persistent le plus longtemps.


En associant chaque temps d’un même parfum à une œuvre littéraire, cinématographique, picturale, ou musicale, le Journal d’un anosmique se propose d’appréhender la synesthésie de manière concrète.


 


 

Note de tête / Head Note >>> Brouillard Artificiel Lee 121, Ann Veronica Janssens

Présentée lors de la huitième biennale d’art contemporain de Lyon, Brouillard Artificiel Lee 121 faisait pénétrer le visiteur dans une salle embuée de fumées vertes. Cette sculpture de fumée laisse le visiteur se plonger dans un univers sans limite, où le vide est matérialisé, les mouvements ralentis, le toucher amplifié.

Une expérience où le visiteur fait partie intégrante de l’œuvre, la sortie lui étant même parfois difficile à trouver.


 

Note de cœur / Heart Note >>> « La chevelure », Les Fleurs du mal, Baudelaire


Ô toison, moutonnant jusque sur l’encolure ! Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir ! Extase ! Pour peupler ce soir l’alcôve obscure Des souvenirs dormant dans cette chevelure, Je la veux agiter dans l’air comme un mouchoir !


La langoureuse Asie et la brûlante Afrique, Tout un monde lointain, absent, presque défunt, Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique ! Comme d’autres esprits voguent sur la musique, Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum.


J’irai là-bas où l’arbre et l’homme, pleins de sève, Se pâment longuement sous l’ardeur des climats ; Fortes tresses, soyez la houle qui m’enlève ! Tu contiens, mer d’ébène, un éblouissant rêve De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts :


Un port retentissant où mon âme peut boire A grands flots le parfum, le son et la couleur ; Où les vaisseaux, glissant dans l’or et dans la moire, Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire D’un ciel pur où frémit l’éternelle chaleur.


Je plongerai ma tête amoureuse d’ivresse Dans ce noir océan où l’autre est enfermé ; Et mon esprit subtil que le roulis caresse Saura vous retrouver, ô féconde paresse, Infinis bercements du loisir embaumé !


Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues, Vous me rendez l’azur du ciel immense et rond ; Sur les bords duvetés de vos mèches tordues Je m’enivre ardemment des senteurs confondues De l’huile de coco, du musc et du goudron.


Longtemps ! toujours ! ma main dans ta crinière lourde Sèmera le rubis, la perle et le saphir, Afin qu’à mon désir tu ne sois jamais sourde ! N’es-tu pas l’oasis où je rêve, et la gourde Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?

 

Note de fond / Base Note >>> « Touch », Shura



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