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Pyramide synesthésique de « Passage d'Enfer », L'Artisan Parfumeur



 

Trois notes, trois œuvres :

Pyramide synesthésique de Passage d'Enfer, L'Artisan Parfumeur

« Sombre clarté » , Passage d’Enfer, est un jus presque sacré et interdit. Muscs blancs, lys blancs et

encens s’y côtoient et s’élèvent comme une incantation.

Parfumeur : Olivia Giacobetti


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Classiquement, l’évolution d’un parfum se divise en trois temps :


Les notes de tête, qui s’expriment instantanément et sont évanescentes.

Les notes de coeur, qui se ressentent plusieurs heures.

Les notes de fond, qui persistent le plus longtemps.


En associant chaque temps d’un même parfum à une œuvre littéraire, cinématographique, picturale, ou musicale, le Journal d’un anosmique se propose d’appréhender la synesthésie de manière concrète.


 



 

Note de tête / Head Note >>> « The Wilhelm Scream », James Blake


 

Note de cœur / Heart Note >>> « Ophélie », James Blake


I

Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles La blanche Ophélia flotte comme un grand lys, Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles... - On entend dans les bois lointains des hallalis.

Voici plus de mille ans que la triste Ophélie Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir Voici plus de mille ans que sa douce folie Murmure sa romance à la brise du soir

Le vent baise ses seins et déploie en corolle Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ; Les saules frissonnants pleurent sur son épaule, Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.

Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ; Elle éveille parfois, dans un aune qui dort, Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile : - Un chant mystérieux tombe des astres d'or


II

O pâle Ophélia ! belle comme la neige ! Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté ! C'est que les vents tombant des grand monts de Norwège T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ;

C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure, À ton esprit rêveur portait d'étranges bruits, Que ton coeur écoutait le chant de la Nature Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;

C'est que la voix des mers folles, immense râle, Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ; C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle, Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux !

Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle ! Tu te fondais à lui comme une neige au feu : Tes grandes visions étranglaient ta parole - Et l'Infini terrible éffara ton oeil bleu !


III

- Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis ; Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles, La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.

 

Note de fond / Base Note >>> Les Serpents d'eau, Gustav Klimt



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